Le vide et le plein par France Clarinval
Mars 2011
Isabelle Marmann, que l’on a pu voir déjà dans les expositions ELO, Roundabout 1 et plus récemment au Kiosk de l’AICA, a choisi le medium du dessin dont elle maîtrise la technique de manière époustouflante. Pour “Moon”, elle nous invite dans son univers à travers deux séries de dessins et un ensemble de textes écrits en bois. Les portraits, présentés au rez-de-chaussée sont réalisés aux crayons de couleur sur du papier japonais. C’est une galerie de personnages, inspirés de sources littéraires, artistiques ou cinématographiques qui nous entraînent dans un monde d’histoires et de contes.
L’association de ces personnages avec une petite phrase, parfois même uniquement un mot renvoie à un univers poétique un peu décalé, surréaliste qui nourrit une fiction que le visiteur se construit dessin après dessin. Elle laisse une grande place à l’interprétation personnelle puisqu’aucun dessin ne porte de titre et que la première image incite à laisser courir son imagination en parlant d’irréel (“all else is unreal”).
Ce qui fascine également dans les dessins en couleurs, ce sont les fonds texturés. Remplis de petits traits parallèles, ils donnent l’impression d’une matière soyeuse, d’un tissu ancien ou d’une toile brodée. À l’étage, les dessins à l’encre sépia poursuivent l’histoire dans des paysages, frisant parfois l’abstraction. Paysages encore que la série de douze cartes postales offertes au public dont l’impression en relief pousse à la caresse. Son travail, tout en filigrane, en douceur et en chuchotement demande recueillement et méditation et offre une sorte de sérénité et un calme apaisant.
Le Quotidien, 9 mars 2011