De petits contes subtils par Thi Chi N’Guyen
Mars 2011
Le centre d’art Dominique Lang de la Ville de Dudelange montre une œuvre délicate à travers une série de dessins. Elle mêle le texte et le trait, en une image complexe d’une apparente simplicité. Le spectateur est obligé de ralentir et de s’approcher des œuvres afin d’en saisir toute la richesse et profondeur.
Judicieusement, cette subtilité énigmatique contraste avec certaines pièces d’art contemporain, provocatrices, appartenant à l’incessant flot actuel d’images. Au rez-de-chaussée, une douzaine de portraits sur papier japonais et des lettres noires en MDF formant une phrase en langue anglaise sur la cimaise blanche de la galerie.
Une approche énigmatique
A l’étage, une série d’encres et douze cartes postales. Dans cet univers épuré, les supports utilisés sont exotiques: du papier japonais (Awagami Masa ou Shiramine) au papier de Chine. Chronophages, les techniques travaillent les surfaces, comme des creusets d’une intense concentration. Dans le cas des portraits, les fonds sont comme tissés par les traits des crayons de couleur. Les encres, quant à elles, sont le signe de la maîtrise de l’artiste. Il n’y a là aucun bavardage, chaque ligne est nécessaire et suffisante. Cet art est aussi généreux, il met à la disposition du public un ensemble de cartes postales. Celles-ci narrent une histoire mystérieuse d’hommes et de montagnes.
Une œuvre littéraire
Car, au sens littéral du terme, le travail d’Isabelle Marmann est littéraire. Les mots sont choisis, non pour expliquer, mais pour évoquer et pour leur qualité esthétique comme dans une poésie. Si bien que le choix de la langue anglaise ne paraît pas être une coquetterie „fashion“, mais une attention portée à ses termes et à leur pouvoir de raconter. Dans ce que l’on pourrait nommer une narration visuelle, Isabelle Marmann plonge le spectateur dans une réalité proche du conte de fée.
Tageblatt, 12 & 13 mars 2011