Cosmogonie par Lucien Kayser
Juillet 2011
Pour faire court, c’est une cosmogonie, dans l’économie la plus poussée, alors que les récits de création du monde se paient de mots pour la plupart, que nous donne Isabelle Marmann dans ces pages. Tout y est, au bout de traits qui laissent de la place à l’imagination : des paysages esquissés dans une belle variété, un animal, en l’occurrence un oiseau dont on ne sait s’il est venu se poser là tel celui annonçant la fin du déluge, ou s’il est prêt à prendre son envol ; l’homme, enfin, Wanderer parti à l’exploration, limitée quand même par cette ligne d’horizon que l’un des textes, le tout premier, donne a priori comme limite. Dans une écriture qui a la même qualité poétique que les dessins, les textes en sont comme des prolongements, des contrepoints aussi, et en fin de parcours, avec notre bonhomme descendant prudemment de quelles hauteurs, est-ce une parole qui rassure ou qui engage, allez savoir. Le propre de la manière d’Isabelle Marmann est justement la suggestion, avec sa part indélébile de liberté.